En 1928, Edward Bernays écrivait : « En politique, les méthodes de la propagande ne sont efficaces que sur les électeurs qui opèrent leur choix en fonction des préjugés et des attentes du groupe dans lequel ils se reconnaissent. La force de la position politique du chef découle bien évidemment de l'étroitesse des liens qu'il a su nouer avec ceux qui votent pour lui. »*
Depuis, les travaux de psychologie sociale ont montré le poids des effets de groupe dans la prise de décision et confirmé ainsi la théorie de Edward Bernays. L'appartenance à un groupe tend à faire agir les membres en fonction de la position centrale de ce groupe, des idées qu'il défend, des choix partagés par la majorité des membres et par ses leaders.
Durant la dernière campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a largement utilisé l'expression « la France qui se lève tôt » pour désigner ceux pour qui il souhaitait gouverner, s'il était élu. Cette expression amène alors ceux qui l'entendent et qui se reconnaissent en elle, à former, au moins le temps de la campagne présidentielle, un groupe social partageant une valeur : celle du travail. « La France qui se lève tôt » rassemble des gens de tout horizon et tend ainsi à fédérer des opinions autour de celle du leader, à savoir Nicolas Sarkozy. En s'identifiant à ceux qui se lèvent tôt, on finit par se sentir appartenir à un même groupe et, dès lors, à agir et voter en suivant l'avis de la majorité de ce groupe et celui des leaders qui le cimentent. Or il est plus gratifiant de s'affilier à ce groupe des « honnêtes travailleurs » plutôt que de revendiquer de ne pas se lever tôt ! « La France qui se lève tôt » n'est pas un simple slogan de campagne, c'est un formidable outil de propagande qui a largement contribué à la victoire de Nicolas Sarkozy.
*Propaganda. Edward Bernays.