Le NouvelObs en ligne publie le 6 février une information sur un soi-disant SMS envoyé par Sarkozy à son ex-épouse. Se pose alors le débat sur l'opportunité de publier une telle information.
Un peu de théorie sur la perception de l'information par le cerveau humain permet d'y voir plus clair :
1) Le cerveau construit des connaissances à partir des données qu'il perçoit. Ces connaissances consistent en un ensemble d'informations mémorisées et reliées les unes aux autres pour faire sens. Toute perception est ainsi filtrée, analysée, catégorisée et comparée à d'autres préalablement mémorisées avant, éventuellement, d'être assimilée dans le réseau de connaissances d'un individu. Ce réseau inclut toutes sortes d'informations : sa vie personnelle, des données sur le monde, des informations sur son environnement géographique, des procédures pour conduire, travailler, etc.
2) Certaines connaissances mémorisées incluent des informations sur la vie de ses proches : famille, amis. Ces informations sont utiles à l'être humain pour créer des liens sociaux.
Dans cette catégorie peuvent alors être incluses des informations sur la vie de personnalités, car celles-ci, avec le développement massif des médias, sont considérées comme des relations proches : on parle alors de relations « parasociales ». La star entre dans le cercle de connaissances proches et connaître sa vie privée devient légitime.
3) Dans le flot de faits dont les journalistes disposent à un moment donné, l'objectif des journalistes est de fournir au public ceux qui méritent d'être portés à notre attention et d'être insérés, à plus ou moins court terme, dans l'ensemble des connaissances des lecteurs. Le travail journalistique est ainsi de transformer les faits en une information (voir la chronique d'Elisabeth Lévy (http://www.arretsurimages.net/chroniqueur.php?id=6). Ce travail éditorial pose alors la question : faut-il publier les faits le plus objectivement possible pour laisser le lecteur libre d'en faire ce qu'il souhaite ou faut-il intégrer les faits dans une « théorie » plus générale nécessairement subjective ?
4) Dans l'épisode du SMS, sa publication brute laisse le lecteur libre de traiter cette information comme il l'entend. Or, le contenu brut de cette information amène quasi obligatoirement à la considérer comme une information sur la vie privée de Sarkozy et donc à l'intégrer dans un ensemble de connaissances sur la vie de Sarkozy. Dans ce cas, la publication paraît peu justifiable.
Il se peut cependant que ce SMS soit un indice supplémentaire d'une théorie l'interview de JF Kahn et la position de Schneidermann) qui semblerait dire que le président aurait certains travers psychologiques incompatibles avec sa fonction ! Dans ce cas, l'information sur le SMS pourrait, pour le lecteur, s'intégrer dans un ensemble de connaissances sur la politique française et sa publication en serait alors justifiée.
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