lundi 28 janvier 2008

Racisme et communautarisme : l'exemple américain

La nation américaine reconnaît tout un ensemble de groupes ethniques, religieux, sexuels, etc. et s’organise autour de ces groupes. Lors du recensement national, chaque citoyen américain doit ainsi indiquer sa ou ses « races » : blanc, noir, chinois, etc. (cf. figure ci-contre). Etre d’origine hispanique est, en outre, considéré comme un « paramètre » indépendant, une même personne pouvant être blanc hispanique ou blanc non hispanique. Ce système devient d’une complexité extrême pour ceux qui revendiquent plusieurs races. Le recensement de 2000 a ainsi identifié des personnes ayant deux, trois, quatre, cinq et même six races différentes. On trouve par exemple une population (21166 personnes) de « White, Black or African American, Asian », c’est-à-dire des individus qui revendiquent d’être à la fois blanc, noir et asiatique1.

Même si l’Etat précise que les catégories raciales ne doivent être considérées que comme des constructions socio-politiques et non comme des postulats scientifiques3, on peut légitimement estimer que, pour l’Américain moyen, être noir, blanc ou hispanique est une réalité physiologique indéniable. Pour preuve les débats existants aux Etats-Unis sur les relations sentimentales entre communautés. On peut même choisir de trouver l’âme sœur en fonction de sa race, par exemple via des sites Internet prônant les relations « interraciales » (cf. figure ci-dessous).

    Page d’accueil d’un site Internet de rencontres « interraciales »

La notion de race et plus largement de communauté (« gays », « femmes », adeptes de telle ou telle église, etc.) fonde la citoyenneté américaine. Les dérives de ce communautarisme d’Etat sont évidentes : institutionnalisation des différences raciales, fort sentiment d’identité groupale avec solidarité uniquement au sein de sa communauté, ghettoïsation des villes (avec des quartiers réservés à certaines communautés), ghettoïsation de la vie sociale (écoles par communautés, rencontres individuelles uniquement au sein des communautés, discrimination positive, etc.), orientation de la recherche fondamentale vers des problématiques communautaires (déterminer le « gêne gay » pour mieux affirmer l’identité de la communauté homosexuelle), etc.

La télévision américaine pose régièrement la question de la "légitimité" des mariages "entres races", via des reportages ou des talkshows. Par exemple :

Ou encore :


ou bien : http://fr.youtube.com/watch?v=PIyLlmV1iFw


1 Overview of Race and Hispanic Origin. Mars 2001. US Census Bureau.

2 Overview of Race and Hispanic Origin. Mars 2001. US Census Bureau.

3 « The concept of race as used by the Census Bureau reflects self-identification by people according to the race or races with which they most closely identify. These categories are sociopolitical constructs and should not be interpreted as being scientific or anthropological in nature. Furthermore, the race categories include both racial and national-origin groups. » Source : U.S. Census Bureau, 2000 Census of Population.

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